(Ci-dessus, Philippe Maxence, rédacteur en chef de l’Homme Nouveau, lors de son intervention sur le distributisme de Chesterton).

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Trêve ! Grâce… Je pourrais rebondir sur les polémiques qui pleuvent, au risque d’alimenter ce déluge, mais une soif de beau et de bon me saisit grâce à un évènement situé à l’écart des trépidations de l’actualité, et pourtant ancré dans le vrai temps de l’histoire : il s’agit des Journées paysannes. Ayant entendu parler de ces Journées paysannes comme d’une expérience marquante, nous avons voulu participer, ma femme et moi, à leur 29ème édition, sur le thème : de l’économie financière à l’économie du vivant.

Elles se déroulaient à Souvigny, à l’ombre de saint Mayeul et de saint Odilon dont les reliques sont conservées dans le prieuré de ce magnifique village du Bourbonnais. Ces rencontres ont pour “vocation de montrer que l’identité profonde de la vie paysanne au service de la société” répond “à un besoin de notre temps“. L’association organisatrice est dédiée au soutien des paysans dans leurs démarches agronomiques et techniques, mais aussi sociales et spirituelles.

Au-delà des interventions visant à encourager les participants à se libérer de la financiarisation de l’économie, nous avons découvert un réseau d’amitié spirituelle bienfaisant dont le monde rural a tant besoin. Au contact de ces paysans venus de toutes les régions de France, nous avons senti une intense ferveur, source d’une Espérance chrétienne à la mesure des épreuves de nos agriculteurs, tour à tour montrés du doigt ou abandonnés, et qui aimeraient gagner décemment leur vie sans dépendre de systèmes technocratiques qui finissent par les aliéner et les humilier.

Les deux-tiers des participants aux Journées paysannes vivent de la terre comme cultivateurs ou éleveurs. Un tiers a d’autres attaches à la terre. Tous y puisent une part de leur ressourcement. Ce qui nous a le plus touchés, ce sont nos échanges avec des paysans pour lesquels ce lien de l’homme à la terre est vital. Seule la sagesse paysanne peut trouver les chemins de transition qui aideront l’humanité à de se libérer de ce qui, dans la modernité, la dénature. Depuis quelques années, un afflux de jeunes donneun nouvel élan aux Journées paysannes.

Plusieurs nous ont expliqué le sens qu’ils donnent à leur mission : tirer leur subsistance du travail de la terre et de l’élevage, mais aussi contribuer à vitaliser les territoires ruraux et même les évangéliser. Inspirés par l’encyclique Laudato si’, certains inventent des modes de vie alternatifs moins dépendants de la société de consommation. Prophétique, cette révolution silencieuse se prépare humblement, c’est-à-dire dans l’humus.

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“No more! Truce! Thanks… I could bounce back on the controversies that are raining, at the risk of fuelling this deluge, but a thirst for beauty and goodness grips me thanks to an event located away from the hectic pace of current events, and yet anchored in the true time of history: these are the Journées paysannes. Having heard about these Farmers’ Days as a significant experience, my wife and I wanted to participate in their 29th edition, on the theme: from financial economics to the living economy.
They took place in Souvigny, in the shade of Saint Mayeul and Saint Odilon, whose relics are kept in the priory of this magnificent village in the Bourbonnais. The purpose of these meetings is “to show that the profound identity of peasant life in the service of society” responds to “a need of our time”. The organizing association is dedicated to supporting farmers in their agronomic and technical, but also social and spiritual approaches.
Beyond the interventions aimed at encouraging participants to free themselves from the financialization of the economy, we have discovered a network of beneficial spiritual friendship that the rural world sorely needs. In contact with these peasants from all regions of France, we felt an intense fervour, a source of Christian Hope commensurate with the trials of our farmers, alternately pointed out or abandoned, and who would like to earn a decent living without depending on technocratic systems that end up alienating and humiliating them.
Two-thirds of the participants in the Farmers’ Days live off the land as farmers or herders. A third has other attachments to the ground. All of them draw from it a part of their renewal. What has affected us most is our exchanges with farmers for whom this link between man and the earth is vital. Only peasant wisdom can find the transitional paths that will help humanity to free itself from what in modernity is denatured. In recent years, an influx of young people has given a new impetus to the Journées paysannes.
Several explained to us the meaning they give to their mission: to derive their livelihood from working the land and livestock, but also to contribute to revitalizing rural territories and even to evangelizing them. Inspired by the encyclical Laudato si’, some invent alternative lifestyles that are less dependent on consumer society. Prophetic, this silent revolution is humbly prepared, that is, in humus.”