Une éducation pour le « retour à la maison » de jeunes agriculteurs et de leur famille, que faudra-t-il pour remettre en ordre l’Amérique et nos sociétés occidentales ? Histoire de la passion et de l’engagement de la Famille Berry dans la cause agricole — Mary Berry (fille de Wendell) & Matthew Derr

 

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Transcription en textes et traduction en français du son de la vidéo du 30 septembre 2018 au Prairie Festival :

Le Sterling Collegeest un collège centré sur le Christ, situé à Sterling, au Kansas, dont la mission est de former des leaders créatifs et réfléchis qui comprennent une foi chrétienne en pleine maturité. Fondé en 1887 sous le nom de Cooper Memorial College, Sterling adopte une vision émergente pour servir le monde de Dieu en formant des leaders au service des autres et en formant de futurs leaders grâce à des partenariats stratégiques.

https://www.sterling.edu/about

Matthew Derr

Matthew Derr and Mary Berry Speak at The Land Institute’s 2018 Prairie Festival

 

Our Staff


 

30 septembre 2018 — Prairie Festival, Salina — Kansas.

 

Nous recevons Mary Berry, directrice exécutive du Berry Center, dont le lieu de résidence est Henry dans le County du Kentucky et, Matthew Durr qui est président du Sterling College. Il a fondé le Centre pour une agriculture et des systèmes alimentaires durables et, avec Mary et d’autres, il a récemment lancé un effort avec le Berry Center pour élargir la portée de la recherche et du programme d’éducation agricole de la fondation.

 

MARRY BERRY : Matthew Durr et moi-même allons vous donner un peu d’information sur notre établissement.

 

Ma maison est une ferme dans le centre-nord du Kentucky. J’y ai vécu et travaillé la terre toute ma vie, d’abord par naissance, puis par choix. Mon arrière-grand-père m’a dit qu’après le premier et unique voyage qu’il avait fait dans sa vie, il n’avait rien vu de plus beau que le terrain derrière ma grange…

 

Je lui suis reconnaissant pour les voyages que j’ai faits dans nombreux endroits et pour le fait que rien ne m’a tenté de quitter le beau paysage de mon pays d’origine, peut-être peu remarquable et maintenant très menacé : c’est le seul endroit où je veux vivre !

 

Je sais que c’est étrange pour mon mari, agriculteur depuis toujours et descendant de générations d’agriculteurs, je sais, d’après les écrits de mon père et mes conversations quotidiennes avec mes deux parents, qu’ils ont l’impression que les terres agricoles et les collectivités agricoles partout dans les pays industrialisés sont en déclin ou ont été englouties par notre économie industrielle.

 

En ce sens que nous partageons tragiquement le même destin que dans d’autres régions rurales des États-Unis, à la différence près que notre déclin peut être directement lié à la perte du programme Burley sur le tabac : le programme s’est terminé en 2004, ce qui nous donne 14 ans de recul aujourd’hui. Le programme Burley pour le tabac a défendu une culture qui s’est avérée indéfendable et je pense donc que le programme et ses principes ont été rapidement oubliés : le programme agricole offrait un soutien des prix au service de la population agricole rurale. Cette mesure était censée servir les petits agriculteurs familiaux parce qu’elle limitait la production d’une culture de grande valeur. Elle a protégé les agriculteurs et les exploitations agricoles de la surproduction et a favorisé une économie agricole très diversifiée de 1941 jusqu’à la fin du programme en 2004. Pour un certain temps, nous avions une population agricole assez stable qui soutenait les petites villes de notre pays. Nous avions une culture agricole où les différences de travail partagées dans les questions politiques et sociales n’avaient pas beaucoup d’importance tant que notre économie était restée stable.

 

Mais aujourd’hui, la communauté est polarisée parce que nous avons perdu notre culture commune, en dépit d’une quarantaine d’années de développement du mouvement alimentaire local. Nous perdons des fermes et des agriculteurs à un rythme effrayant.

 

Je crois avoir entendu dans la chanson de Kansas State qu’on ne doit jamais entendre un mot décourageant. Quoi qu’il en soit, il y aura beaucoup plus d’espoir dans l’exposé de M. Durr.

 

On m’avait demandé d’écrire une introduction d’un livre publié en 1990, de sorte que l’année est dans ma tête ces derniers temps. Mon plus jeune enfant Tonya est né en février de la même année et mon grand-père John Berry père a eu 90 ans en novembre suivant. Mon grand-père était avocat et agriculteur, au service des communautés de conservation des terres. Toute sa vie, il a été le principal auteur et acteur du programme Burley sur le tabac. Ma fille est née dans une ferme et dans un mode de vie qui n’aurait pas existé sans le travail de son arrière-grand-père.

 

Au cours des 28 années qui se sont écoulées depuis sa naissance, ce mode de vie a pratiquement disparu ! En ce qui concerne notre travail au Berry Center, mon mari Steve Smith a commencé en 1990 à publier (nous avons alors pensé qu’il s’agissait d’un événement historique qui allait inaugurer le changement que nous avions besoin) sa comptabilité publiquement pour prouver qu’un agriculteur pouvait gagner plus par acre en cultivant des légumes que ce qui pouvait être fait avec du tabac. Lui et moi avons souvent parlé de nos tentatives de continuer à cultiver sans tabac, ce que nous avons fait avec succès.

 

Alors que nous vivions naïvement, il s’est avéré que nous croyions qu’il y aurait un système alimentaire local auquel les agriculteurs adhéreraient bientôt… Mon père dit que son père a fait le travail important, et que lui et son frère John Berry junior ont suivi son exemple.

Mon frère Din et moi-même travaillons à la même cause au Berry Center (http://berrycenter.org). Ce travail consiste à rechercher les bases d’une économie durable avec une bonne agriculture. Nous nous efforçons de poser et de répondre à ce qui m’a semblé être les questions les plus importantes de notre époque : en quoi doit consister une ferme qui se développe selon les principes d’une bonne agriculture de nos jours, une agriculture qui permette aux familles de vivre ?

 

À l’heure actuelle, l’agriculture américaine offre deux choix aux agriculteurs :

  • être petits
  • ou être un entrepreneur.

 

Entre la petite agriculture familiale et les grands industriels, il n’y a presque rien au milieu.

 

Après une certaine excitation au sujet de la production locale en lien avec les marchés de proximité à la fin des années 80 et au début des années 90, la plupart des agriculteurs de notre région ont abandonné un marché imprévisible qu’ils ne comprennent pas et dans lequel ils n’ont pas confiance. Ils ont besoin d’une organisation au milieu d’eux pour déplacer les produits, calculer le prix juste, les commercialiser, les protéger de la surproduction et prendre en compte les bonnes pratiques d’agriculture et d’élevage (c’était le travail réalisé par le programme Burley sur le tabac de mon grand-père).

 

Ce qui reste aujourd’hui d’une culture agricole générationnelle est coupé de l’information dont elle a besoin pour survivre.

 

Il faut noter que le mouvement alimentaire local (le Slow Food), qui vient surtout des zones urbaines, ne connaît pas grand-chose des agriculteurs ou de la vie de ces derniers.

 

Il semble maintenant que beaucoup de citadins pensent que le succès du mouvement alimentaire local et l’accroissement du nombre de personnes qui en ont pris conscience a impliqué une amélioration de la situation des agriculteurs alors qu’en fait, elle ne s’améliore pas… ! Seulement 15 % d’entre nous vivent actuellement dans des régions rurales et très peu de ce petit pourcentage sont des exploitations agricoles durables.

Wendell Berry

Mon père a entendu un agriculteur du Kentucky dire lors d’une réunion récente qu’il est difficile de prendre les bonnes décisions concernant votre ferme quand vous vous demandez qui sera la prochaine personne à vivre dans votre maison. Si nous convenons que la nourriture est un produit fondamentalement culturel et que nous prenons conscience dans le même temps de ce qui est arrivé à la culture rurale, la demande de produits locaux qui augmente fait face à une culture rurale qui disparaît.

 

C’est pourquoi il me semble que notre travail est de mettre la main sur ce qui reste de l’ancienne culture de l’économie familiale et du bon voisinage et de la renforcer.

 

Pour créer les bases d’une économie autour d’une bonne agriculture qui permette de valoriser son travail à sa juste valeur, il y a encore des jeunes qui veulent faire de l’agriculture, qui sont les héritiers des anciennes méthodes et qui se sentent appelés…

 

Notre travail doit permettre de les aider et de définir pour un agriculteur en particulier et pour une ferme en particulier, ce qui fonctionnera bien pour lui ou elle, pour cette ferme et pour cette communauté.

 

Pour m’aider dans cette tâche, j’ai eu besoin d’enseignants et d’une vision pour ce que je crois que ce que nous recherchons. J’ai eu de la chance dans l’agriculture du comté de Henry, dans le Kentucky, d’avoir grandi dans une région de fermes où la fierté des agriculteurs et de nos petites villes bien soignées était encore présente dans leur maison. L’entraide était omniprésente : un agriculteur qui vivait près de notre ferme est venu nous aider chaque jour, au moment de notre installation et quand nous récoltions notre première culture du tabac. J’ai dû vieillir beaucoup pour réaliser la valeur de ce qu’il avait fait pour nous et que sans son aide inestimable, pour nous éviter des erreurs, nous n’aurions pas réussi à nous lancer.

C’est cela, la culture dont nous avons encore besoin et c’est ce que les jeunes veulent et doivent retrouver aujourd’hui. Il faut retrouver et recréer ce maillon essentiel de la transmission.

 

J’ai passé la plus grande partie de ma vie à me rendre compte que le travail de ma famille et des autres agriculteurs autour de nous m’a légué ma raison de vivre, m’a permis de me lancer dans mon activité d’agricultrice en 1981.

 

C’est pourquoi le principe de base du fonctionnement du Berry Center est l’ancienne proposition que :

 

« Nous devons aimer nos voisins comme nous-mêmes ! »

 

L’implication la plus évidente de cette règle si, comme le dit papa, nous nous laissons porter par la spiritualité, c’est que les voisins devraient travailler ensemble pour se soutenir mutuellement dans leur vie économique.

 

Les exigences particulières et pratiques immédiates d’une économie locale conduisent à dépasser les moyens également nécessaires de protestations politiques et d’organisation. Nous affirmons entièrement l’idée que la première nécessité politique et l’épreuve nécessaire de la sincérité politique sont de résoudre les problèmes locaux qui ont le plus besoin d’être résolus.Aussi petits ou humbles que ces problèmes puissent paraître, c’est ainsi que nous avons commencé à travailler.

 

Nous avons quatre programmes au Berry Center :

 

  • Le premier étant les archives du centre : il est basé sur le travail et les écrits de Don Berry senior, John Berry junior et de mon père Wendell Berry. Nous avons une bibliothèque de prêt pour notre communauté qui porte le nom de ma mère Tanya (nous n’avons absolument aucune créativité quand il s’agit de noms, ni pour les enfants ni pour rien d’autre…).

 

  • La librairie du centre de culture agraire est notre deuxième programme qui abrite, entre autres, un programme de lecture rurale appelé la ligue littéraire agraire qui en est à sa deuxième année. Avec 350 participants cette année, le centre culturel est l’endroit où nous célébrons « l’art du lieu commun ». Notre dernière exposition présentait les superbes photos de ma mère, prises lors d’un abattage de porcs dans le comté de Henry en 1990, et qui montrent que l’abattage de porcs est un bon moyen de bien tuer les porcs.

 

  • La ferme où je travaille au milieu de la meilleure agriculture du Kentucky est une ferme d’élevage de bétail, le troupeau moyen est de 27 vaches. Le bétail est élevé jusqu’au sevrage. La viande à la maison est transformée au poids de sevrage, lorsque les veaux sont encore en période d’allaitement et qu’ils mangent de l’herbe. Le produit que nous vendons s’appelle « Roseville ». Nous payons un prix de 80 $ à nos agriculteurs et nous travaillons avec 10 familles agricoles du comté de Henry, la moyenne d’âge étant un peu inférieure à 40 ans, ils sont donc jeunes.

 

 

  • Et le dernier programme que Matthew va vous présenter est le programme de formation à l’agriculture Wendell Berry du Sterling College que j’avais à cœur de lancer depuis longtemps.

 

Mon père raconte l’histoire de deux éleveurs de chevaux de trait : l’un dit à l’autre que « Nous ne pourrons jamais récupérer les chevaux dans le travail agricole ! » et le second lui, se demande ce « Que vont devenir les gens et comment ils pourront conserver leurs valeurs ? »

West a dit dans un discours prononcé il y a des années que la tendance dominante dans les collèges et les universités était la mobilité croissante et qu’il fallait maintenant que l’on développe un programme culturel de « retour à la maison »…

Nous avons commencé le programme culturel du Berry Center dans un petit collège appelé St Catherine dans le centre géographique du Kentucky. Nous y avons passé quatre bonnes années sous la direction de M. Leah, qui fait partie de l’écosphère ici. Nous avions quatorze diplômés lorsque l’école a fait faillite et a fermé ses portes il y a quelques années. Ce n’était pas notre faute : nous avions bien commencé, ainsi, lorsque Sainte-Catherine a fermé ses portes, les collèges et les universités du Nord-Est du Sud-Ouest et de tout le Kentucky ont été ouverts à nos idées. Et j’ai commencé à rencontrer les présidents des collèges et des universités. Donc, après des mois de discussions avec des gens qui n’avaient aucune idée de ce dont je parlais, mais qui avaient une petite collection de livres flambant neufs écrits par mon père, qui étaient en fait d’accord, avec tout ce qu’il avait écrit… j’ai rencontré le président Matthew Durr qui avait reçu de notre ami Fred Kirschenmann la consigne de me contacter. Et j’ai dit à mes collègues qu’il n’était pas question que je fasse équipe avec une école du Vermont…, mais qu’il pouvait venir s’il le voulait. Heureusement pour moi, il est venu ! Son projet était que le programme de la ferme de Wendell Berry pourrait et devrait se réaliser dans le comté de Henry, au Kentucky : en effet, nous avons utilisé le comté d’Henry comme salle de classe… Nous avons commencé et je vais laisser à Matthew le soin de vous présenter le programme de formation.

 

MATTHEW DURR:je vous remercie de nous donner l’occasion de parler de ce que je pense être l’une des idées les plus radicales et les plus transformatrices que nous ayons vues dans l’enseignement agricole depuis très longtemps.

Je viens bien du Vermont parce que si vous allez sur nos deux sites Web, vous allez bien trouver deux institutions très différentes. Mais nous croyons aussi que les idées que le collège promeut sont des idées importantes, mais que le collège a la bonne taille pour l’endroit où il habite. Une partie de ce que je vais décrire au sujet du Sterling College est quelque chose que nous espérons évidemment mettre en place en partenariat avec le Berry Center.

La mission du collège est la gestion de l’environnement, quelque chose que nous avons du mal à définir dans l’enseignement supérieur, mais pour Sterling, cela signifie simplement :

 

« l’amour du lieu, un amour profond et durable du lieu »

 

et une mission qui inspire une prise de conscience tout au long de la vie par le biais de l’enseignement expérimental des arts libéraux qui prépare les étudiants à devenir des leaders compétents et responsables dans les communautés dans lesquelles ils vont vivre. Nous enseignons les arts libéraux sous l’angle de l’écologie et nous examinons :

  • comment les humains adaptent les systèmes naturels pour répondre à leurs besoins par le biais de l’agriculture et des systèmes alimentaires ;
  • la façon dont les humains sont inspirés à interpréter leur relation avec le monde naturel par le biais des sciences humaines et des arts ;
  • la façon dont les humains comprennent et peuvent gérer le monde naturel, sans lui nuire, informent et forment les autres personnes.

 

Il n’y a que cinq majors. Il n’y a pas de département et dans la mesure où nos professeurs sont reconnus comme experts et professeurs ; ils sont connus par leur prénom et par ce qu’ils enseignent et leurs relations avec leurs étudiants, et non par leur rang.

C’est une culture académique très différente de celle que l’on trouve dans les autres centres d’enseignement et par nécessité elle est petite.

 

Nous avons un programme d’études sophistiqué basé sur la compréhension des limites, la compréhension du rationnement, la compréhension du fait que la croissance et la mobilité sociale au XXIe siècle doivent être abordées par l’enseignement supérieur à travers un processus complètement différent d’éducation et une mission différente en utilisant essentiellement la nature et la communauté comme mesure.

 

Nous avons cent dix étudiants, quinze facultés, une pédagogie profondément expérimentale, ce qui signifie que tous ces prêts en argent que les collèges et les universités contractent pour des bâtiments, nous n’avons pas à les faire, nous n’avons qu’à marcher et aller dehors.. Nous avons des bâtiments, mais ils sont rares et éloignés les uns des autres. Nous avons essentiellement un corps professoral praticien, certains ayant un doctorat et d’autres non, pour avoir une expérience différente dans les disciplines d’où ils viennent chez Sterling. Nous sommes l’un des neuf seuls collèges fédéraux de ce domaine, ce qui signifie que derrière chaque étudiant se cache un engagement profond et constant à travailler avec et à être dans la communauté et ce que le travail signifie créer et maintenir une collectivité, et ce, sans égard aux besoins financiers de ce travail.

 

Nous produisons et cultivons environ trente pour cent de la nourriture que nous consommons dans notre salle à manger et la majeure partie du reste provient des alentours. Les étudiants se lèvent tôt le matin avec tout le Collège, à 7 h 30, pour faire ensemble des travaux communs (corvées) et nous avons quelque chose appelé « minuit de campagne dans l’artisanat » à 21 h le soir. Je pense que si je faisais un sondage dans cette salle, vous auriez une perception des collèges privés d’arts libéraux de la Nouvelle-Angleterre. Mais il y a une des choses que je veux m’assurer, c’est que quand vous quitterez cette grange vous aurez une tout autre appréciation de notre programme de formation chez Sterling et comprendrez ce qui la rend fondamentalement différente : environ 62 % de nos étudiants sont admissibles aux bourses Pell et le coût d’une éducation de qualité dans notre programme se situe à environ 20 % de moins que dans la plupart des collèges d’arts libéraux en Nouvelle-Angleterre. Nous sommes profondément engagés à fournir un accès libre et gratuit. Pour toutes ces raisons, nous pensons qu’il est important de faire vivre à nos étudiants, l’esprit écologique des agriculteurs dans les communautés dans lesquelles ils vivent : le campus est situé dans une collection de belles, mais non distinguées maisons blanches dans le petit village. Il n’y a pas de portes, notre campus n’a pas été construit sur un modèle monastique, nous faisons complètement partie de la communauté dans laquelle nous vivons et nous utilisons cette communauté comme notre salle de classe.

 

Cela est mutuellement bénéfique à la fois pour la communauté locale et pour le collège. Je dirige donc l’un des plus petits collèges des États-Unis d’Amérique, situé dans le coin le moins peuplé de l’État le moins peuplé d’Amérique. S’il y a ici quelqu’un du Wyoming, j’ai toujours cette discussion sur le fait que si vous retirez les gens qui passent en vacances l’été au Vermont, nous sommes plus petits encore. Alors pourquoi un collège du Vermont établirait-il cette relation avec le Berry Center ? Parce qu’il a une relation avec Wendell Berry depuis sa création en 1978 : Sterling a décidé que la gestion de l’environnement était sa mission et que cette mission était éclairée par de nombreuses voix. Ainsi, pour nos étudiants et nos professeurs, ce sentiment de connexion et d’histoire avec l’apport de Wendell Berry au monde de l’agriculture familiale est profond et long.

 

Au fur et à mesure que nous avons établi ce partenariat, nous nous sommes penchés sur les raisons profondes qui nous amènent à réfléchir ensemble, à ce qu’il est important de faire pour éduquer les agriculteurs au cours des 50 prochaines années. Les anciens élèves de Sterling vivent en milieu rural. Environ 20 % de nos étudiants sont originaires du Vermont et environ 45 % des anciens élèves ont décidé de s’établir dans le Vermont. 90 % de nos anciens élèves disent qu’ils font ce qu’ils ont étudié, ce qui est un résultat remarquable.

 

Et si nous appliquions une partie de ce que nous a inspiré dans les écrits de Wendell Berry et une partie de ce que nous savons du Vermont dans le comté de Henry, nous savons que nous avons besoin d’agriculteurs :

  • qui savent comment construire un sol,
  • et qui savent comment bâtir une collectivité.

 

Nous pensons que les arts libéraux sont un aspect important de leur éducation en tant qu’agriculteurs et si vous vous arrêtez un instant pour réfléchir au nombre de conservatoires de musique et d’écoles d’art que nous avons dans ce pays, c’est remarquable, le potentiel est grand…

 

Et en fait, j’ai fait mes études au conservatoire pendant très longtemps. Et ce qui me fascine dans l’avenir de ce programme, en partenariat avec un programme d’agriculture inspiré par Wendell Berry, c’est qu’il offre la possibilité de travailler pour le futur de l’agriculture à une population avertie de jeunes personnes qui ont décidé qu’elles voulaient devenir agriculteurs… C’est la plus haute aspiration qu’ils ont dans leur vie personnelle et professionnelle, en lien avec les valeurs promues par Wendell Berry. Bon nombre des choses que j’ai décrites au sujet du Collège Sterling font partie de nos aspirations, mais c’est un peu différent pour cette formation : il s’agira d’un diplôme agréé en agriculture offert par le Sterling College du comté de Henry. Il s’agira des deux dernières années d’études collégiales, donc cinq semestres où tout commence par un été et se termine au printemps, et cent pour cent des étudiants seront des étudiants qui viendront d’autres institutions où, soit par ce à quoi ils ont été exposés, soit par ce qu’ils n’ont pas encore été exposés, ils ont compris qu’ils espèrent être des agriculteurs qui espèrent vivre dans des zones rurales agraires.

 

Il s’agira d’un programme axé sur le milieu, axé sur l’expérience, et d’une faculté de praticiens locaux. Ce sera un peu comme si Sterling n’était pas basé sur le campus, mais sur la communauté et une cinquantaine d’étudiants. Et ce que Mary et moi passons notre temps à faire en ce moment, c’est nous assurer que les frais de scolarité soient gratuits. Les étudiants travailleront pour leur chambre et leur pension et ils n’auront pas à contracter de prêts étudiants. Ce faisant, nous devons recueillir des fonds pour nous aider à construire le projet.

 

Nous espérons « rester dans les parages » pendant un certain temps, mais nous constatons que la façon dont nous avons conçu ce modèle éducatif présente un triple avantage :

  • l’une est que la valeur d’un investissement dans un fonds de dotation peut se faire de façon responsable,
  • la seconde est qu’il peut effectivement produire un revenu afin de rendre l’éducation accessible à tous ceux qui ont discernés qu’ils veulent cultiver et veulent vivre dans le comté de Henry ou veulent vivre dans le Kentucky ou veulent une ferme dans un endroit qui est profondément lié à leurs aspirations pour l’avenir.
  • Mais nous pouvons aussi utiliser ce même actif d’une troisième façon qui consiste à les aider à obtenir des terres qu’ils utiliseront pour travailler avec les prêteurs et les donateurs locaux afin de faire en sorte que la transition se fasse comme il se doit, la transition.

 

Vous savez, en prenant le conservatoire comme exemple, il y a un énorme soutien pour qu’un musicien puisse accéder à la bonne place au sein d’un bon orchestre. Dans leur vie professionnelle, ils bénéficieront d’un mentorat et d’un encadrement qui les aidera à naviguer dans un monde complexe et stimulant. Et nous en avons besoin pour les agriculteurs, et cette relation et ce partenariat dans cette histoire et cet héritage est vraiment un terrain fertile sur lequel nous pouvons bâtir.

 

C’est pourquoi nous sommes très enthousiasmés par cette nouvelle phase de développement. Mary a dit tout à l’heure que nous avions 14 excellents élèves dans le comté d’Henry. Je crois qu’ils ont fait bonne impression, mais j’ai hâte de retourner à Newcastle, au Kentucky, et de voir 50 étudiants de cette ville travailler dans ces fermes pour apprendre à connaître ces agriculteurs générationnels et emménager à leur tour dans de nouvelles fermes.

C’est en fait la création de leur propre « Retour à la maison ».

 

J’aime bien l’idée de laisser fleurir mille ou cent fleurs. Je pense que nous avons besoin de plus de programmes comme celui que nous venons de décrire dans le Vermont et dans le Kentucky, ailleurs. Mais ils devront être respectueux des besoins de ces communautés et des circonstances de l’endroit.


An education for the “return home” of young farmers and their families, what will it take to put America and our Western societies in order? History of the Berry Family’s passion and commitment to the agricultural cause – Mary Berry (daughter of Wendell) & Matthew Derr
 
 

Transcription of the voices of the video of September 30, 2018 at the Prairie Festival:

 
 
Sterling College is a Christ centered college located in Sterling, Kansas, whose mission is to develop creative and thoughtful leaders who understand a mature Christian faith. Founded in 1887 as Cooper Memorial College, Sterling adopts an emerging vision to serve God’s world by training leaders in the service of others and training future leaders through strategic partnerships.
 
 
 
 
 
September 30, 2018 – Prairie Festival, Salina – Kansas.
 
We have Mary Berry, executive director of the Berry Center, whose place of residence is Henry in Kentucky County, and Matthew Durr, who is president of Sterling College. He founded the Centre for Sustainable Agriculture and Food Systems and, with Mary and others, he recently launched an effort with the Berry Center to expand the scope of the foundation’s research and agricultural education program. 
 
MARRY BERRY: Matthew Durr and I will give you some information about our establishment. 
 
My house is a farm in north-central Kentucky. I have lived and worked the land all my life, first by birth, then by choice. My great-grandfather told me that after the first and only trip he had made in his life, he had seen nothing more beautiful than the land behind my barn… 
 
I am grateful to him for the trips I have made to many places and for the fact that nothing has tempted me to leave the beautiful landscape of my country of origin, perhaps not very remarkable and now very threatened: it is the only place where I want to live!
 
I know it is strange for my husband, a lifelong farmer and a descendant of generations of farmers, I know from my father’s writings and my daily conversations with both my parents that they have the impression that farmland and farming communities throughout the industrialized countries are in decline or have been swallowed up by our industrial economy. 
 
In the sense that we tragically share the same fate as in other rural areas of the United States, with the difference that our decline may be directly related to the loss of the Burley tobacco program: the program ended in 2004, which gives us 14 years of decline today. The Burley tobacco programme defended a crop that proved indefensible and I therefore believe that the programme and its principles were quickly forgotten: the agricultural programme provided price support for the rural farming population. This measure was supposed to serve small family farmers because it limited the production of a high-value crop. It protected farmers and farms from overproduction and promoted a highly diversified agricultural economy from 1941 until the end of the program in 2004. For a while, we had a fairly stable agricultural population that supported the small towns of our country. We had an agricultural culture where shared labour differences in political and social issues did not matter much as long as our economy remained stable. 
 
But today, the community is polarized because we have lost our common culture, despite some forty years of development of the local food movement. We are losing farms and farmers at a frightening rate. 
 
I think I heard in the Kansas State song that you should never hear a discouraging word. In any case, there will be much more hope in Mr. Durr’s presentation. 
 
I had been asked to write an introduction to a book published in 1990, so the year has been in my head lately. My youngest child Tonya was born in February of the same year and my grandfather John Berry Sr. turned 90 the following November. My grandfather was a lawyer and farmer working for the land conservation communities. All his life, he was the main author and actor of the Burley tobacco program. My daughter was born on a farm and in a way of life that would not have existed without her great-grandfather’s work. 
 
In the 28 years since his birth, this way of life has almost disappeared! With regard to our work at the Berry Center, my husband Steve Smith began publishing in 1990 (we thought it was a historic event that would inaugurate the change we needed) his accounting publicly to prove that a farmer could earn more per acre by growing vegetables than what could be done with tobacco. He and I have often talked about our attempts to continue growing without tobacco, which we have done successfully. 
 
While we were living naively, it turned out that we believed there would be a local food system to which farmers would soon adhere… My father says that his father did the important work, and that he and his brother John Berry junior followed his example. 
 
My brother Din and I are working on the same cause at the Berry Center (http://berrycenter.org). This work consists in researching the foundations of a sustainable economy with good agriculture. We are trying to ask and answer what I thought were the most important questions of our time: what should a farm that develops according to the principles of good agriculture nowadays, an agriculture that allows families to live? 
 
Currently, American agriculture offers two choices to farmers: 
– be small 
– or be an entrepreneur. 
 
Between small family farming and large industrial companies, there is almost nothing in the middle. 
 
After some excitement about local production in relation to local markets in the late 1980s and early 1990s, most farmers in our region abandoned an unpredictable market they do not understand and trust. They need an organization in the middle to move products, calculate the right price, market them, protect them from overproduction and take into account good farming and livestock practices (this was the work done by my grandfather’s Burley tobacco program). 
 
What remains of a generational agricultural crop today is cut off from the information it needs to survive. 
 
It should be noted that the local food movement (Slow Food), which comes mainly from urban areas, knows little about farmers or their lives. 
 
It now seems that many urban dwellers believe that the success of the local food movement and the increase in the number of people who have become aware of it has led to an improvement in the situation of farmers when in fact it is not improving… ! Only 15% of us currently live in rural areas and very few of that small percentage are sustainable farms. 
 
My father heard a Kentucky farmer say at a recent meeting that it is difficult to make the right decisions about your farm when you are wondering who will be the next person to live in your house. If we agree that food is a fundamentally cultural product and at the same time we become aware of what has happened to rural culture, the increasing demand for local products faces a disappearing rural culture. 
 
That is why it seems to me that our job is to get our hands on what remains of the old culture of the family economy and good neighbourliness and to strengthen it. 
 
To create the foundations of an economy based on good agriculture that makes it possible to value its work at its true value, there are still young people who want to farm, who are the heirs of the old methods and who feel called… 
 
Our work must help them and define for a particular farmer and for a particular farm, what will work well for him or her, for that farm and for that community. 
 
To help me in this task, I needed teachers and a vision for what I believe is what we are looking for. I was fortunate in agriculture in Henry County, Kentucky, to have grown up in a farm region where the pride of farmers and our well-kept small towns was still present in their homes. Mutual aid was omnipresent: a farmer who lived near our farm came to help us every day, when we settled in and when we harvested our first tobacco crop. I had to grow old a lot to realize the value of what he had done for us and that without his invaluable help, to avoid mistakes, we would not have been able to get started. This is the culture we still need and this is what young people want and need to find today. It is necessary to find and recreate this essential link in the transmission. 
 
I spent most of my life realizing that the work of my family and other farmers around us left me my reason for living, allowed me to start farming in 1981. 
 
That is why the basic principle of the Berry Center’s operation is the old proposal that: 
 
“We must love our neighbors as we do ourselves! » 
 
The most obvious implication of this rule if, as Dad says, we let ourselves be carried away by spirituality is that neighbours should work together to support each other in their economic life. 
 
The particular and immediate practical requirements of a local economy lead to going beyond the equally necessary means of political and organisational protest. We fully affirm the idea that the first political necessity and the necessary test of political sincerity is to solve the local problems that need to be solved most. As small or humble as these problems may seem, that’s how we started working. 
 
We have four programs at the Berry Center:
 
– The first being the centre’s archives: it is based on the work and writings of Don Berry senior, John Berry junior and my father Wendell Berry. We have a lending library for our community that bears my mother Tanya’s name (we have absolutely no creativity when it comes to names, neither for children nor for anything else…). 
 
– The Agrarian Culture Centre Bookstore is our second program that houses, among other things, a rural reading program called the Agrarian Literary League, which is in its second year. With 350 participants this year, the cultural centre is the place where we celebrate “the art of the common place”. Our last exhibition featured superb photos of my mother taken during a hog slaughter in Henry County in 1990, which show that slaughtering pigs is a good way to kill pigs properly. 
 
– The farm where I work in the midst of Kentucky’s best agriculture is a livestock farm, the average herd is 27 cows. The cattle are raised until they are weaned. Meat at home is processed at weaning weight, when the calves are still breastfeeding and eating grass. The product we sell is called “Roseville”. We pay our farmers a price of $80 and we work with 10 farm families in Henry County, the average age being just under 40 years, so they are young.
 
 
– And the last program Matthew will present to you is Sterling College’s Wendell Berry Agricultural Training Program, which I have been committed to launching for a long time. 
 
My father tells the story of two draught horse breeders: one tells the other that “We will never be able to get the horses back into agricultural work! ” and the second one, asks himself what “What will become of people and how will they be able to preserve their values? » 
 
Mr. West said in a speech years ago that the dominant trend in colleges and universities was increasing mobility and that now we need to develop a cultural program of “going home”… We started the Berry Center cultural program in a small college called St Catherine’s College in the geographic centre of Kentucky. We spent a good four years there under the leadership of Mr. Leah, who is part of the ecosphere here. We had fourteen graduates when the school went bankrupt and closed a few years ago. It was not our fault: we had started well, so when St. Catherine closed, colleges and universities in the northeast, southwest and all of Kentucky were open to our ideas. And I started meeting with the presidents of colleges and universities. So after months of discussions with people who had no idea what I was talking about, but who had a small collection of brand new books written by my father, who actually agreed with everything he had written… I met President Matthew Durr who had been instructed by our friend Fred Kirschenmann to contact me. And I told my colleagues that I was not going to team up with a school in Vermont…, but that he could come if he wanted to. Lucky for me, he came! His project was that the Wendell Berry farm program could and should be carried out in Henry County, Kentucky: indeed, we used Henry County as a classroom…. We started and I will leave it to Matthew to introduce you to the training program.
 
MATTHEW DURR: Thank you for giving us the opportunity to talk about what I think is one of the most radical and transformative ideas we have seen in agricultural education in a very long time. 
I come from Vermont because if you go to our two websites, you will find two very different institutions. But we also believe that the ideas that the college promotes are important ideas, but that the college is the right size for where it lives. Part of what I’m going to describe about Sterling College is something that we obviously hope to put in place in partnership with the Berry Center. The college’s mission is environmental management, something we have difficulty defining in higher education, but for Sterling it simply means: 
 
“love of place, a deep and enduring love of place” 
 
and a mission that inspires lifelong awareness through experimental liberal arts education that prepares students to become competent and responsible leaders in the communities in which they will live. We teach liberal arts from an ecological perspective and examine:
– how humans adapt natural systems to meet their needs through agriculture and food systems;
– how humans are inspired to interpret their relationship with the natural world through the human sciences and the arts; 
– how humans understand and can manage the natural world, without harming it, inform and educate others.
 
There are only five majors. There is no department and as long as our professors are recognized as experts and professors; they are known by their first name and by what they teach and their relationship with their students, not by their rank. 
It is an academic culture very different from that found in other educational centres and by necessity it is small. 
 
We have a sophisticated curriculum based on an understanding of boundaries, an understanding of rationing, an understanding that growth and social mobility in the 21st century must be addressed by higher education through a completely different process of education and a different mission, essentially using nature and community as a measure. 
 
We have one hundred and ten students, fifteen faculties, a profoundly experimental pedagogy, which means that all these financial loans that colleges and universities take out for buildings, we don’t have to do them, we just have to walk and go outside… We have buildings, but they are rare and far from each other. We essentially have a faculty of practitioners, some with a PhD and some without, to have different experience in the disciplines from which they come to Sterling. We are one of only nine federal colleges in this field, which means that behind each student there is a deep and ongoing commitment to working with and being in the community and what work means to create and maintain a community, regardless of the financial needs of the work. 
 
We produce and grow about thirty percent of the food we consume in our dining room and most of the rest comes from the surrounding area. Students get up early in the morning with the whole College at 7:30 a.m. to do joint chores together and we have something called “midnight country crafts” at 9 p.m. in the evening. I think if I did a survey in this room, you would have a perception of New England’s private liberal arts colleges. But one of the things I want to make sure is that when you leave this barn you will have a completely different appreciation of our training program at Sterling and understand what makes it fundamentally different: about 62% of our students are eligible for Pell scholarships and the cost of a quality education in our program is about 20% less than in most liberal arts colleges in New England. We are deeply committed to providing free and open access. For all these reasons, we believe it is important to bring to life for our students the ecological spirit of farmers in the communities in which they live: the campus is located in a collection of beautiful, but not distinguished white houses in the small village. There are no doors, our campus was not built on a monastic model, we are completely part of the community in which we live and we use this community as our classroom. 
 
This is mutually beneficial for both the local community and the college. So I run one of the smallest colleges in the United States of America, located in the least populated corner of the least populated state in America. If there’s someone here from Wyoming, I still have this discussion about the fact that if you take away people who spend their summer vacations in Vermont, we’re even smaller. So why would a Vermont college establish this relationship with the Berry Center? Because it has had a relationship with Wendell Berry since its inception in 1978: Sterling decided that environmental management was its mission and that this mission was informed by many voices. Thus, for our students and teachers, this feeling of connection and history with Wendell Berry’s contribution to the world of family farming is deep and long. 
 
As we have developed this partnership, we have looked at the underlying reasons that lead us to think together, what is important to do to educate farmers over the next 50 years. Sterling’s former students live in rural areas. About 20% of our students are from Vermont and about 45% of our former students have decided to settle in Vermont. 90% of our former students say they do what they have studied, which is a remarkable result. 
 
And if we applied some of what we learned from Wendell Berry’s writings and some of what we know about Vermont in Henry County, we know we need farmers:
– who know how to build a floor,
– and who know how to build a community. 
 
We think that the liberal arts are an important aspect of their education as farmers and if you stop for a moment to think about the number of music conservatories and art schools we have in this country, it’s remarkable, the potential is great… 
 
And in fact, I studied at the conservatory for a very long time. And what fascinates me about the future of this program, in partnership with an agriculture program inspired by Wendell Berry, is that it offers the opportunity to work for the future of agriculture to an informed population of young people who have decided that they want to become farmers… It is the highest aspiration they have in their personal and professional lives, in line with the values promoted by Wendell Berry. Many of the things I have described about Sterling College are part of our aspirations, but it is a little different for this training: it will be an accredited diploma in agriculture offered by Sterling College in Henry County. This will be the last two years of college, so five semesters where everything begins with a summer and ends in the spring, and one hundred percent of the students will be students who will come from other institutions where, either because of what they have been exposed to or because they have not yet been exposed, they have understood that they hope to be farmers who hope to live in rural agricultural areas. 
 
It will be a community-based, experiential program and a faculty of local practitioners. It will be as if Sterling was not based on the campus, but on the community and about 50 students. And what Mary and I are doing all the time right now is making sure that tuition is free. Students will work for their room and board and will not have to take out student loans. In doing so, we must raise funds to help us build the project. 
 
We hope to “stick around” for some time, but we see that the way we have designed this educational model has a triple advantage: 
– one is that the value of an investment in an endowment fund can be made responsibly,
– the second is that it can effectively produce income to make education accessible to all those who have discerned that they want to cultivate and want to live in Henry County or want to live in Kentucky or want a farm in a place that is deeply linked to their aspirations for the future. 
– But we can also use this same asset in a third way, which is to help them obtain land that they will use to work with local lenders and donors to ensure that the transition is done properly, the transition.  
 
You know, taking the conservatory as an example, there is huge support for a musician to get into the right place in a good orchestra. In their professional lives, they will benefit from mentoring and coaching that will help them navigate a complex and challenging world. And we need it for farmers, and this relationship and partnership in this history and heritage is really fertile ground on which to build. 
 
That is why we are very excited about this new phase of development. Mary said earlier that we have 14 excellent students in Henry County. I think they made a good impression, but I look forward to going back to Newcastle, Kentucky, and seeing 50 students from that city working on these farms to get to know these generational farmers and then move on to new farms. It is in fact the creation of their own “Return Home”.
 
I like the idea of letting a thousand or a hundred flowers bloom. I think we need more programs like the one we just described in Vermont and Kentucky elsewhere. But they will have to be respectful of the needs of these communities and the circumstances of the place.