Trailer du film “LOOK & SEE: A Portrait of Wendell Berry” (2018) Pour plus d’informations pour acheter ou visionner le film : https://lookandseefilm.com/what-we-do/

 

Le trailer présente le début et la fin du film, avec deux magnifiques poèmes qui présentent la vision de Wendell Berry sur la situation de l’agriculture traditionnelle, respectant à 100% l’homme et la nature.

Premier poème et début du film : 

Même pendant que je rêvais, je priais

pour que ce que je voyais n’était que de la peur et non de la prémonition,

car je voyais le dernier paysage connu détruit

au nom de l’objectif,le sol rasé, la roche fracassée.

Ceux qui voulaient rentrer chez eux n’y arriveraient jamais désormais.

 

J’ai visité les bureaux où, pour atteindre l’objectif, les planificateurs planifiaient

sur des bureaux vides, disposés en rangées.Je visitais les usines bruyantes

où l’on fabriquait des machines qui allaient toujours plus loin

vers l’objectif. J’ai vu la forêt réduite en souches et en ravines. J’ai vu

la rivière empoisonnée, la montagne jetée dans la vallée.

Je suis venu dans la ville que personne ne reconnaissaitparce qu’elle ressemblait à toutes les autres villes.

J’ai vu les passants portés par les pas innombrables

de ceux dont les yeux étaient fixés sur l’objectif.

Les hommes, les femmes et les enfants poursuivent maintenant l’objectif

comme si personne ne l’avait jamais poursuivi auparavant.

 

Les races et les sexes s’entremêlaient désormais parfaitementdans la poursuite de l’objectif. Les anciens esclaves,les anciens opprimés étaient désormais libres

de se vendre au plus offrant

et d’entrer dans les prisons les mieux payées

pour atteindre l’objectif, qui était la destruction de tous les ennemis,

qui était la destruction de tous les obstacles, qui était la destruction de tous les objets,

qui était d’ouvrir la voie à la victoire, qui était d’ouvrir la voie à la promotion, au salut,

au progrès,

à la vente complète, à la signature

du contrat,qui devait ouvrir la voie

à l’auto-réalisation personnelle,à l’auto-création, dont personne, ne voulait plus rentrer chez soi, ne pourrait se libérer maintenant. Car tout lieu de mémoire

avait été déplacé,les poteaux indicateurs avaient été courbés vers le sol et recouverts.

 

Tout lieu avait été déplacé,tout amour

non aimé,tout vœu non honoré,tout mot vidé de leur sens,

pour faire place au passage de la foule,

des individus,des individualistes autonomes, autoproclamés,des sans abri,

avec leurs nombreux yeux ouverts seulement vers un objectif

qu’ils ne percevaient pas encore, dans la lointaine distance,

n’ayant jamais su où ils allaient, sans avoir jamais su d’où ils venaient.

 

Second poème et fin du film :  Une vison.

 

Si nous avions la sagesse de survivre,

de résister comme des arbres à la croissance lente,

dans un lieu en ruines, le renouvelant, l’enrichissant…

si nous faisons en sorte que nos saisons soient les bienvenues ici,

en ne demandant pas trop de la terre, ou du ciel.

Alors, longtemps après notre mort,les vies que nos vies préparent y vivront.

Leurs maisons solidement construites

sur les flancs des vallées…

Champs et jardins riches au travers des fenêtres, la rivière coulera à flots,

claire comme nous ne l’avons jamais connue.

Et en-dessus,un chant d’oiseau

comme une voûte.

Sur les pentes abruptes où l’avidité et l’ignorance

ont coupé la vieille forêt,

une vieille forêt se dressera.

Sa riche chute de feuilles s’amoncelant sur ses racines.

Les veines des sources oubliées se seront ouvertes.

Des familles chanteront dans les champs.

Au côté de leurs voix, ils entendront une musique surgir du sol.

La mémoire, originaire de cette vallée,

s’étendra sur elle comme un bosquet.

Et la mémoire croîtra pour se transformer en légende,

la légende en une chanson,

la chanson en un sacrement.

L’abondance de ce lieu, le chant de ses habitants et de ses oiseaux,

sera santé et sagesse,

une lumière intérieure.

Ce n’est pas un paradis ou un rêve.

Dans ses privations, réside sa réalité.

 

«Comme je le vois, l’agriculteur debout dans son champ, n’est pas isolé comme un simple composant d’une machine de production. Il se tient là où beaucoup de lignes se croisent – des lignes culturelles. L’agriculteur traditionnel, c’est-à-dire l’agriculteur qui était d’abord indépendant, qui s’est d’abord nourri de sa ferme et qui a ensuite nourri d’autres personnes, qui a cultivé avec sa famille et qui a transmis la terre à ceux qui la connaissaient et qui avaient les meilleures raisons de s’en occuper… cet agriculteur était à la convergence des valeurs traditionnelles… Nos valeurs”.

 

– Wendell Berry, auteur, militant et agriculteur

 

À propos de Wendell Berry

WENDELL BERRY, écrivain, poète, enseignant, agriculteur et citoyen d’un monde en voie de disparition, nous donne une vision convaincante de la vie bonne et vraie. Passionné, éloquent et douloureusement articulé, dans plus de cinquante œuvres – romans, nouvelles, poèmes et essais – il célèbre une vie vécue en communion étroite avec les voisins et la terre tout en abordant nombre de nos problèmes culturels les plus urgents. Critique féroce et bienveillant de la culture américaine et guide de confiance de longue date pour ceux qui cherchent un monde meilleur, plus sain et plus sain, il a cultivé une colline dans son comté natal de Henry, Kentucky, avec son épouse, pendant plus de quarante ans.
La Médaille nationale des arts et des sciences humaines est remise par le président des États-Unis.
La Médaille nationale des arts et des lettres est remise par le président des États-Unis.

Au fil des ans, Berry a reçu les plus hautes distinctions, dont la National Medal of Arts and Humanities, un prix de rédaction du National Institute of Arts and Letters et le prix Jean Stein de l’American Academy of Arts and Letters. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur son travail.

Wendell Berry speaks with the BBC

Wendell Berry is in top form in this phone-based interview with the BBC.  Wonderful stuff. Wendell reads a poem from Sabbaths.  

“Nowhere is there an end except in smoke… this is the world we have set on fire.”