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Journaliste pour Le Monde Diplomatique, Géo ou National Geographic (il est notamment lauréat de l’édition 2017 de Prix Erik Izraelewicz de l’enquête économique, créé par Le Monde), Guillaume Pitron signe ici son premier ouvrage. La géopolitique des matières premières est un axe majeur de son travail. Il intervient régulièrement auprès du parlement français et de la Commission européenne sur le sujet des métaux rares.

Pendant six ans, Guillaume Pitron a mené l’enquête dans une douzaine de pays sur ces nouvelles matières rares qui bouleversent déjà le monde. Pour cela, il nous a fallu fréquenter les replis des mines de l’Asie tropicale, tendre l’oreille aux murmures des députés dans les couloirs du Palais-Bourbon, survoler les déserts de Californie en bimoteur, nous incliner devant la reine d’une tribu oubliée d’Afrique australe, nous rendre dans les « villages du cancer » de la Mongolie intérieure et dépoussiérer de vieux parchemins remisés dans de vénérables institutions londoniennes.

Sur quatre continents, des hommes et des femmes agissant dans le monde trouble, discret, des métaux rares nous ont révélé un tout autre récit, beaucoup plus sombre, de la transition énergétique et numérique. À les entendre, l’irruption de ces nouvelles matières dans le sillage des ressources fossiles n’a pas rendu à l’homme et à la planète les services que laissait augurer l’éclosion d’un monde supposément plus vert, plus fraternel, plus clairvoyant – loin de là.

D’un côté, les avocats de la transition énergétique nous ont promis que nous pourrions puiser à l’infini aux intarissables sources d’énergie que constituent les marées, les vents et les rayons solaires pour faire fonctionner nos technologies vertes. Mais, de l’autre, les chasseurs de métaux rares nous préviennent que nous allons bientôt manquer d’un nombre considérable de matières premières.

Ces technologies dites « vertes » engagent l’humanité dans une troisième révolution énergétique, industrielle, qui est en train de transformer notre monde. Comme les deux précédentes, celle-ci s’appuie sur une ressource primordiale. Une matière tellement vitale que les énergéticiens, les technoprophètes, les chefs d’État et même les stratèges militaires la surnomment déjà « the next oil », le pétrole du XXIe siècle.

De quelle ressource s’agit-il ?

Le grand public n’en a pas la première idée.

Longtemps, les hommes ont exploité les principaux métaux connus de tous : le fer, l’or, l’argent, le cuivre, le plomb, l’aluminium… Mais, dès les années 1970, ils ont commencé à tirer parti des fabuleuses propriétés magnétiques et chimiques d’une multitude de petits métaux rares contenus dans les roches terrestres dans des proportions bien moindres. Cette grande fratrie unit des cousins affublés de noms aux consonances énigmatiques : terres rares, graphite, vanadium, germanium, platinoïdes, tungstène, antimoine, béryllium, fluorine, rhénium, prométhium… Ces métaux rares forment un sous-ensemble cohérent d’une trentaine de matières premières dont le point commun est d’être souvent associées dans la nature aux métaux les plus abondants.

Distiller une huile essentielle de fleur d’oranger est un processus long et fastidieux, mais le parfum et les pouvoirs thérapeutiques d’une seule goutte de cet élixir étonnent encore les chercheurs. Or c’est pareil avec les métaux rares, très rares… Il faut purifier huit tonnes et demie de roche pour produire un kilo de vanadium, seize tonnes pour un kilo de cérium, cinquante tonnes pour l’équivalent en gallium, et le chiffre ahurissant de mille deux cents tonnes pour un malheureux kilo d’un métal encore plus rare, le lutécium. Tels des démiurges, nous en avons multiplié les usages dans deux domaines qui sont des piliers essentiels de la transition énergétique : les technologies que nous avons baptisées « vertes » et le numérique.

Car, nous explique-t-on aujourd’hui, c’est de la convergence des green tech et de l’informatique que va naître un monde meilleur…

Les premières (éoliennes, panneaux solaires, véhicules électriques), grâce aux métaux rares dont elles sont truffées, produisent une énergie décarbonée qui va transiter par des réseaux d’électricité dits « ultra-performants » qui permettent des économies d’énergie. Or ceux-ci sont pilotés par des technologies numériques, elles aussi farcies de tels métaux (consulter l’annexe 11 sur les principales utilisations industrielles des métaux rares).

Premier constat, l’Occident a remis le destin de ses technologies vertes et numériques – en un mot, de la crème de ses industries d’avenir – entre les mains d’une seule nation, la Chine. En limitant l’exportation de ces ressources, l’empire du Milieu nourrit plutôt la croissance de ses propres technologies et durcit l’affrontement avec le reste du monde. À la clé, de graves conséquences économiques et sociales à Paris, New York ou Tokyo.

Deuxième constat, d’ordre écologique : notre quête d’un modèle de croissance plus écologique a plutôt conduit à l’exploitation intensifiée de l’écorce terrestre pour en extraire le principe actif, à savoir les métaux rares, avec des impacts environnementaux encore plus importants que ceux générés par l’extraction pétrolière.

Troisième constat, d’ordre militaire et géopolitique : la pérennité des équipements les plus sophistiqués des armées occidentales (robots, cyberarmes, avions de combat tel le chasseur militaire américain vedette, le F-35) dépend également en partie du bon vouloir de la Chine.

En voulant nous émanciper des énergies fossiles, en basculant d’un ordre ancien vers un monde nouveau, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance, plus forte encore. Robotique, intelligence artificielle, hôpital numérique, cybersécurité, biotechnologies médicales, objets connectés, nanoélectronique, voitures sans chauffeur… Tous les pans les plus stratégiques des économies du futur, toutes les technologies qui décupleront nos capacités de calcul et moderniseront notre façon de consommer de l’énergie, le moindre de nos gestes quotidien et même nos grands choix collectifs vont se révéler totalement tributaires des métaux rares. Ces ressources vont devenir le socle élémentaire, tangible, palpable, du XXIe siècle. Or, cette addiction esquisse déjà les contours d’un futur qu’aucun oracle n’avait prédit. Nous pensions nous affranchir des pénuries, des tensions et des crises créées par notre appétit de pétrole et de charbon ; nous sommes en train de leur substituer un monde nouveau de pénuries, de tensions et de crises inédites.

Ce n’est un secret pour personne : l’extraction et le raffinage des terres rares sont très polluants. En effet, dans les minerais, ces dernières sont naturellement associées à des éléments radioactifs tels que le thorium et l’uranium.

Plutôt que d’assumer le leadership des métaux rares, l’Occident a préféré transférer leur production – et la pollution associée – vers des pays pauvres prêts à sacrifier leur environnement pour s’enrichir. À l’encontre d’une idée reçue, les réserves de métaux rares ne sont pas concentrées dans les pays miniers les plus actifs (Chine, Kazakhstan, Indonésie, Afrique du Sud…) 1. Il en existe partout sur la planète, avec des zones où leur concentration est plus élevée. Ils sont donc rares et pas rares à la fois… Des gisements du plus stratégique de ces métaux, les fameuses terres rares, sont d’ailleurs recensés dans des dizaines d’États. La même logique s’applique aux technologies vertes. Dans les deux dernières décennies du XXe siècle, les Chinois et les Occidentaux se sont tout bonnement réparti les tâches de la future transition énergétique et numérique : les premiers se saliraient les mains pour produire les composants des green tech, tandis que les seconds, en les leur achetant, pourraient se targuer de bonnes pratiques écologiques. En d’autres mots, le monde s’est organisé comme l’entendait Larry Summers : entre ceux qui sont sales et ceux qui font semblant d’être propres.

Soutenir le changement de notre modèle énergétique exige déjà un doublement de la production de métaux rares tous les quinze ans environ, or les pénuries qui se dessinent pourraient désillusionner Jeremy Rifkin, les industriels des green tech et le pape François – tout en donnant raison à notre ermite.

Cette transition énergétique vers les technologies vertes est-elle possible ? Est-elle vraiment verte ? Nos politiciens semblent ignorer les faits inconciliables avec politique du meilleur des mondes grâces aux énergies vertes.

Technologies du numérique, économie de la connaissance, filière des énergies vertes, secteur de l’acheminement et du stockage de l’électricité, et dorénavant industries spatiales et de défense : nos besoins en métaux rares se diversifient et s’accroissent de façon exponentielle. Cette nouvelle société de l’ère numérique, d’énergies vertes, de transhumanisme est dépendante de l’extraction des métaux rares.

Il existe certaines estimations de nos besoins futurs. Lors d’un symposium organisé au Bourget en 2015, en marge des négociations de Paris sur le climat, une poignée d’experts ont dévoilé plusieurs projections.

D’ici à 2040, ont-ils pronostiqué, nous devrons extraire trois fois plus de terres rares, cinq fois plus de tellure, douze fois plus de cobalt et seize fois plus de lithium qu’aujourd’hui. Olivier Vidal, chercheur au CNRS, a même réalisé une étude portant sur tous les métaux nécessaires à moyenne échéance pour soutenir nos modes de vie high-tech. Ses travaux ont été publiés en 2015 et ont fait l’objet d’une mention sur la BBC. M. Vidal a également prononcé une trentaine de conférences en Europe, devant un public composé majoritairement d’étudiants. C’est tout.

Pourtant, l’étude de M. Vidal devrait être le livre de chevet des chefs d’État du monde entier. En se fondant sur les perspectives de croissance les plus communément admises, le chercheur souligne tout d’abord les quantités considérables de métaux de base qu’il va falloir extraire du sous-sol pour tenir la cadence de la lutte contre le réchauffement climatique.

Prenons le cas des éoliennes : la croissance de ce marché va exiger, d’ici à 2050, « 3 200 millions de tonnes d’acier, 310 millions de tonnes d’aluminium et 40 millions de tonnes de cuivre», car les éoliennes engloutissent davantage de matières premières que les technologies antérieures. « À capacité [de production électrique] équivalente, les infrastructures […] éoliennes nécessitent jusqu’à quinze fois davantage de béton, quatre-vingt-dix fois plus d’aluminium et cinquante fois plus de fer, de cuivre et de verre » que les installations utilisant des combustibles traditionnels, indique M. Vidal. Selon la Banque mondiale, qui a conduit sa propre étude en 2017, cela vaut également pour le solaire et pour l’hydrogène, dont « la composition […] nécessite en fait significativement plus de ressources que les systèmes d’alimentation en énergie traditionnels ».

La conclusion d’ensemble est aberrante : puisque la consommation mondiale de métaux croît à un rythme de 3 à 5 % par an, « pour satisfaire les besoins mondiaux d’ici à 2050, nous devrons extraire du sous-sol plus de métaux que l’humanité n’en a extrait depuis son origine ». Que le lecteur nous pardonne d’insister : nous allons consommer davantage de minerais durant la prochaine génération qu’au cours des 70 000 dernières années, c’est-à-dire des cinq cents générations qui nous ont précédés. Nos 7,5 milliards de contemporains vont absorber plus de ressources minérales que les 108 milliards d’humains que la Terre a portés jusqu’à ce jour.

Et encore, M. Vidal admet que l’étude est incomplète : pour apprécier la réelle empreinte écologique de la transition verte, il faudrait privilégier une approche beaucoup plus holistique du cycle de vie des matières premières, en mesurant également les immenses quantités d’eau consommées par l’industrie minière, les rejets de gaz carbonique causés par le transport, le stockage et l’utilisation de l’énergie, l’impact, encore mal connu, du recyclage des technologies vertes, toutes les autres formes de pollution des écosystèmes générées par l’ensemble de ces activités – sans parler des multiples incidences sur la biodiversité.

Toutes les ressources du futur nous placeront face à de nouveaux défis protéiformes. Aussi, il est temps de nous interroger dès à présent : quel est le sens de ce saut technologique que nous embrassons comme un seul homme ? N’est-il pas absurde de conduire une mutation écologique qui pourrait tous nous empoisonner aux métaux lourds avant même que nous l’ayons menée à bien ? Peut-on sérieusement prôner l’harmonie confucéenne par le bien-être matériel si c’est pour engendrer de nouveaux maux sanitaires et un chaos écologique – soit son exact contraire ?

Finalement, à quoi bon les progrès s’ils ne font pas progresser l’homme ?

“THE WAR OF RARE METALS: THE HIDDEN SIDE OF THE ENERGY AND DIGITAL TRANSITION”

Guillaume Pitron is a journalist for Le Monde Diplomatique, Géo and National Geographic (he is the winner of the 2017 Erik Izraelewicz Prize for economic research, created by Le Monde). The geopolitics of raw materials is a major focus of his work. He regularly addresses the French Parliament and the European Commission on the subject of rare metals.

For six years, Guillaume Pitron conducted the survey in a dozen countries on these new rare materials that are already disrupting the world. To do so, we had to frequent the folds of the mines of tropical Asia, listen to the murmurs of MPs in the corridors of the Palais-Bourbon, fly over the deserts of California in twin-engine aircraft, bow before the queen of a forgotten tribe in southern Africa, go to the “cancer villages” of Inner Mongolia and dust off old scrolls left in venerable London institutions.

On four continents, men and women acting in the troubled, discreet, rare metals world have revealed to us an entirely different story, much darker, of the energy and digital transition. To hear them, the irruption of these new materials in the wake of fossil resources has not rendered to man and the planet the services that the emergence of a world supposedly greener, more fraternal, more far-sighted – far from it – heralded.

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On the one hand, energy transition advocates have promised us that we could draw infinitely on the inexhaustible sources of energy that tides, winds and solar rays constitute to make our green technologies work. But, on the other hand, rare metal hunters warn us that we will soon run out of a considerable number of raw materials.

These so-called “green” technologies engage humanity in a third energy revolution, an industrial revolution that is transforming our world. Like the two previous ones, this one is based on an essential resource. A matter so vital that energy experts, technoprophets, heads of state and even military strategists already call it “the next oil”, the oil of the 21st century.

What resource is it?

The general public does not have the first idea.

For a long time, men exploited the main metals known to all: iron, gold, silver, copper, lead, aluminium… But, as early as the 1970s, they began to take advantage of the fabulous magnetic and chemical properties of a multitude of small rare metals contained in earth rocks in much smaller proportions. This big brotherhood unites cousins with enigmatic names: rare earths, graphite, vanadium, germanium, platinoids, tungsten, antimony, beryllium, fluorine, rhenium, promethium… These rare metals form a coherent subset of about thirty raw materials whose common point is to be often associated in nature with the most abundant metals.

Distilling an essential oil of orange blossom is a long and tedious process, but the fragrance and therapeutic powers of a single drop of this elixir still amaze researchers. But it is the same with rare, very rare metals… You have to purify eight and a half tons of rock to produce one kilo of vanadium, sixteen tons for one kilo of cerium, fifty tons for the equivalent in gallium, and the staggering figure of one thousand two hundred tons for an unfortunate kilo of an even rarer metal, lutecium. Like demiurges, we have multiplied their uses in two areas that are essential pillars of the energy transition: technologies that we have called “green” and digital.

Because, we are told today, it is from the convergence of green technology and computing that a better world will emerge…

The former (wind turbines, solar panels, electric vehicles), thanks to the rare metals with which they are loaded, produce carbon-free energy that will pass through so-called “ultra-efficient” electricity networks that allow energy savings. However, these are driven by digital technologies, also stuffed with such metals (see Annex 11 on the main industrial uses of rare metals).

  • First, the West has put the fate of its green and digital technologies – in a word, the cream of its industries of the future – into the hands of a single nation, China. By limiting the export of these resources, the Middle Kingdom is instead fuelling the growth of its own technologies and hardening the confrontation with the rest of the world. This has serious economic and social consequences in Paris, New York and Tokyo.
  • The second observation, of an ecological nature: our quest for a more ecological growth model has rather led to the intensified exploitation of the earth’s crust to extract its active ingredient, namely rare metals, with even greater environmental impacts than those generated by oil extraction.
  • Third observation, of a military and geopolitical nature: the durability of the most sophisticated equipment of Western armies (robots, cyber weapons, combat aircraft such as the American star military fighter, the F-35) also depends in part on China’s goodwill.

By wanting to free ourselves from fossil fuels, by switching from an old order to a new world, we are in reality sinking into a new, stronger dependence. Robotics, artificial intelligence, digital hospitals, cybersecurity, medical biotechnologies, connected objects, nanoelectronics, driverless cars… All the most strategic parts of the economies of the future, all the technologies that will increase our computing capacities and modernize our way of consuming energy, the least of our daily gestures and even our great collective choices will prove to be totally dependent on rare metals. These resources will become the elementary, tangible, palpable foundation of the 21st century. However, this addiction already sketches the outlines of a future that no oracle had predicted. We thought we were freeing ourselves from the shortages, tensions and crises created by our appetite for oil and coal; we are replacing them with a new world of shortages, tensions and unprecedented crises.

It is no secret that the extraction and refining of rare earths are highly polluting. Indeed, in ores, the latter are naturally associated with radioactive elements such as thorium and uranium.

Rather than assuming the leadership of rare metals, the West has preferred to transfer their production – and the associated pollution – to poor countries willing to sacrifice their environment to enrich themselves. Contrary to popular belief, rare metal reserves are not concentrated in the most active mining countries (China, Kazakhstan, Indonesia, South Africa, etc.) 1. They exist everywhere on the planet, with areas where their concentration is higher. They are therefore rare and not rare at the same time… Deposits of the most strategic of these metals, the famous rare earths, are listed in dozens of states. The same logic applies to green technologies. In the last two decades of the 20th century, the Chinese and the West simply divided the tasks of the future energy and digital transition: the former would dirty their hands to produce green tech components, while the latter, by buying them, could boast good ecological practices. In other words, the world has organized itself as Larry Summers intended: between those who are dirty and those who pretend to be clean.
Supporting the change in our energy model already requires a doubling of the production of rare metals every fifteen years or so, but the shortages that are taking shape could disillusion Jeremy Rifkin, the green tech industrialists and Pope François – all the while proving our hermit right.

Is this energy transition to green technologies possible? Is it really green? Our politicians seem to ignore the irreconcilable facts with the politics of the best of worlds thanks to green energies.

Digital technologies, the knowledge economy, the green energy sector, the electricity transmission and storage sector, and now the space and defence industries: our needs for rare metals are diversifying and growing exponentially. This new society of the digital age, of green energies, of transhumanism is dependent on the extraction of rare metals.

There are some estimates of our future needs. During a symposium organized at Le Bourget in 2015, on the margins of the Paris climate negotiations, a handful of experts revealed several projections

By 2040, they predicted, we will have to extract three times more rare earths, five times more tellurium, twelve times more cobalt and sixteen times more lithium than today. Olivier Vidal, a CNRS researcher, has even carried out a study on all the metals needed in the medium term to support our high-tech lifestyles. His work was published in 2015 and was mentioned on the BBC. Mr. Vidal has also given about thirty lectures in Europe, before an audience composed mainly of students. That’s all.

Yet Mr. Vidal’s study should be the bedside book for heads of state around the world. Based on the most commonly accepted growth prospects, the researcher first underlines the considerable quantities of base metals that will have to be extracted from the subsoil to keep pace with the fight against global warming.

Take the case of wind turbines: the growth of this market will require, by 2050, “3 200 million tons of steel, 310 million tons of aluminum and 40 million tons of copper”, because wind turbines absorb more raw materials than previous technologies. At equivalent[electricity generation] capacity, wind infrastructure requires up to 15 times more concrete, 90 times more aluminum and 50 times more iron, copper and glass than conventional fuel facilities,” says Vidal. According to the World Bank, which conducted its own study in 2017, this also applies to solar and hydrogen, whose “composition… actually requires significantly more resources than traditional energy supply systems”.

The overall conclusion is aberrant: since global metal consumption is growing at a rate of 3 to 5% per year, “to meet global needs by 2050, we will have to extract more metals from the subsoil than humanity has extracted since its origin”. Let the reader forgive us for insisting: we will consume more minerals in the next generation than in the last 70,000 years, that is, in the five hundred generations before us. Our 7.5 billion contemporaries will absorb more mineral resources than the 108 billion humans that the Earth has carried to date.

And again, Mr. Vidal admits that the study is incomplete: to assess the real ecological footprint of the green transition, a much more holistic approach to the life cycle of raw materials should be favoured, also measuring the immense quantities of water consumed by the mining industry, the carbon dioxide emissions caused by the transport, storage and use of energy, the still poorly known impact of recycling green technologies, all the other forms of pollution of ecosystems generated by all these activities – not to mention the multiple impacts on biodiversity.

All the resources of the future will present us with new protean challenges. So, it is time to ask ourselves now: what is the meaning of this technological leap that we are embracing as one man? Isn’t it absurd to carry out an ecological change that could poison us all with heavy metals even before we have completed it? Can we seriously advocate Confucian harmony through material well-being if it is to generate new sanitary evils and ecological chaos – the exact opposite?

Finally, what good is progress if it does not advance man?